Au Mali, pendant la saison chaude, le délestage électrique est généralement décrié comme une mauvaise gestion de la société distributrice d’électricité. Pourtant, chacun semble avoir sa part de responsabilité dans cette situation.
Le délestage électrique au Mali notamment en période de canicule (mars, avril et mai) est source de mécontentement. Cette année, ces délestages coïncident avec le mois de carême chez les musulmans. Les coupures intempestives deviennent du coup insupportables pour les citoyens. Jeudi 22 avril 2021, plusieurs manifestants s’étaient réunis devant la direction générale de la société Énergie du Mali (EDM-SA) afin de protester contre cette situation. Ils ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène. Toutefois, ils se donnent un nouveau rendez-vous ce jeudi afin d’avoir des explications à ce problème.
Desservir toute la population
Cette cacophonie autour de la distribution d’électricité au Mali existe depuis des années. Les autorités étatiques, notamment la société distributrice d’électricité, sont celles tenues pour responsables de ces délestages, preuves d’une insuffisante distribution d’électricité. Mais faut-il réellement s’en prendre aux autorités ? Ne convient-il pas que les citoyens s’interrogent sur leur propre gestion de l’électricité ?
En plus du déficit d’investissement, l’EDM-SA est confrontée à une autre difficulté surtout tributaire des citoyens. Les cabines électriques destinées pour l’usage d’un nombre déterminé de personnes reçoivent plus de clients que prévu à travers des branchements anarchiques. Les câbles sont-ils en mesure de supporter ces charges supplémentaires pour lesquelles elles n’étaient pas destinées ?
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En plus de cet aspect, il convient de noter également l’incivisme dans des familles ainsi que dans des administrations publiques. En effet, dans de nombreuses familles, rarement les ampoules sont éteintes. Une mauvaise politique de gestion des ventilateurs, des téléviseurs voire de la climatisation y sont également pour quelque chose. Les administrations publiques ne font point exception à ces problèmes. Comment assurer dans un tel contexte de mauvaise gestion une distribution de l’électricité en qualité et en quantité ? Pourtant, malgré tout, la société de fourniture ambitionne de servir le reste de la population malienne n’ont encore desservi.
Changer de comportement
Face à ces situations, Aboubacar Sidiki Kanté, directeur des ressources humaines à l’EDM-SA, a rappelé, dans une interview accordée à Sahel Tribune en juin 2020, que les sources de production accessible au Mali sont l’hydro-électricité, le solaire, la thermique. Selon ses précisions, le Mali a besoin d’une mixte énergétique. « On ne peut pas avoir que de l’hydro-électricité uniquement parce qu’il y a des moments où il n’y a pas d’eau dans le fleuve. On ne peut pas avoir que du solaire parce qu’il y’a des moments où il n’y a pas de soleil et quand on n’a aussi que la thermique, comme dans le cas actuel du Mali, ça coûte trop cher parce que le Mali n’est pas producteur de pétrole », a-t-il précisé.
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Selon lui, il faut trouver « un juste dosage avec des investissements conséquents ». Dans un premier temps, M. Kanté juge important de fournir au préalable de l’électricité à tous les Maliens avant d’envisager de « doubler les capacités pour combler les déficits sur des périodes spécifiques comme la période de chaleur. »
Au lieu de décrier ces délestages à travers des manifestations, il pourrait être important pour chacun d’envisager une marche vers l’énergie solaire, au moins durant les périodes de canicules. Sans un changement de comportement de la part des consommateurs ainsi que des autorités distributrices, durant les prochaines années, il pourrait être désespérant de s’attendre à une distribution de qualité et de quantité de l’énergie au Mali.
Fousseni Togola
Source : maliweb.net
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